Exposition « Du sang et des larmes. La Belle Époque des faits-divers »

Le fait-divers s’impose dans la grande presse dès la seconde moitié du 19e siècle : crimes, catastrophes, vols, viols, scènes incongrues sinon burlesques, cette fascination pour l’événementiel relevant de la tragédie individuelle atteint alors une forme d’apogée. Le fait-divers «Belle Époque» s’inscrit dans un processus de massification médiatique, mettant en scène les travers d’une société dans toute sa diversité. La République triomphante, cet âge du papier vite imprimé et vite lu, s’incarne dans un goût prononcé pour la narration factuelle et nerveuse, révélant les peurs et les fantasmes d’une époque qui ne cesse de valoriser la liberté et le progrès, tout en étant effrayée par ses moindres accrocs.

Le fait-divers trouve sa source dans la presse de province dès les années 1800. La vie quotidienne locale en ses aspects problématiques s’immisce alors dans les pages de journaux qui, contrairement aux titres parisiens, se montraient nécessairement moins centrés sur la grande actualité institutionnelle nationale.

Cet intérêt pour le fait-divers renvoie à la pratique du commérage villageois, mais s’inscrit également dans la tradition des «canards», ces relations d’événements plus ou moins imaginaires, ainsi que des «nouvelles à la main», chères aux chroniqueurs des siècles précédents.

Tout comme les réseaux sociaux aujourd’hui, qui valorisent nos égos au fil des «stories», la fabrique de l’information au 19e siècle se structure et se rationalise sous la pression de la révolution industrielle et technologique. En magnifiant le fait-divers, elle cherchait déjà à répondre à toutes les curiosités sociales dans un effet miroir, pour rendre le journal plus familier et désirable encore…

→ Exposition conçue par Guillaume Doizy en 19 panneaux